mercredi 20 avril 2011
L’hystérie des faux-jetons de Robert Deschamps
Les propositions en matière d’éducation qu’ont rendues publiques récemment François Legault et son groupe, la Coalition pour l’avenir du Québec, ne présentent même pas le dixième de la force de frappe qu’il faudrait pour décontaminer le système éducatif de la médiocrité dans laquelle il croupit que, déjà, le gratin des imposteurs scolaires jette les hauts cris devant la perspective d’être éventuellement déportés dans le monde réel.
D’entrée de jeu, M. François Paquet, président de la Fédération des comités de parents, déclare : «Notre système n’est pas parfait, mais il est performant.» Incroyable! Pourtant, le simple constat, flagrant, indéniable, implacable que le Québec, en termes de productivité, se classe au 54 e rang sur les 60 états nord-américains devrait suffire, à lui seul, pour pulvériser cette bulle autocontemplative, mais rien n’y fait. Pas même le fait que 69% des Québécois gagnent moins de 50,000$ par année après avoir trempé dans nos admirables institutions scolaires. Ou encore ces statistiques écrasantes qui montrent que 57% des élèves qui terminent leurs études secondaires ne savent aucunement orthographier et que 54% des futurs enseignants ne valent guère mieux. Tout cela donne à penser que nous ne sommes pas près de guérir de cette schizophrénie collective qui fait du Québec une société gravement atteinte d’insuffisance économique, laquelle ne survit que grâce à la dialyse de l’endettement public. Ce qu’il nous faudrait, ce sont deux reins solides, entièrement neufs, que l’on s’efforcerait de soustraire aux toxines de l’utopie narcissique.
Pour sa part, la Ministre de l’éducation, Madame Line Beauchamp, ergote et se scandalise du fait que l’on puisse envisager d’abolir la sécurité d’emploi au sein de la gent professorale. Voilà le raisonnement d’une personne qui a été bien «instruite» à l’école québécoise et qui ignore, conséquemment, que la notion de sécurité, quelle que soit la forme qu’on lui donne, demeure le plus puissant facteur d’improductivité que l’on puisse trouver sur cette planète!
La démarche de la Coalition pour l’avenir du Québec tient d’une intention tout à fait noble, mais la restructuration scolaire que celle-ci veut mettre de l’avant ne risque guère de donner les résultats escomptés, essentiellement parce qu’on y perpétue l’erreur de préconiser une approche quantitative de l’éducation et aussi parce qu’on n’y démord pas de ce pédagogisme naïf qui échoue lamentablement depuis plus de trente ans maintenant. Quand comprendrons-nous que ce ne sont ni les enseignant(e)s ni les méthodes didactiques qui produisent la réussite scolaire, mais bien la prédisposition intellectuelle de l’apprenant. Un professeur, pour peu qu’il ne soit pas un ignare et sache maîtriser la langue d’enseignement, ne jouera jamais que le rôle de catalyseur.
Dès lors, et il semble qu’il faille le répéter, la première chose à faire pour rendre le système scolaire véritablement productif, c’est de le redécouper de façon à créer divers types d’écoles qui correspondent aux différents profils psychogénétiques qui composent la population. L’idée que tous les individus appartenant à une société donnée puisse franchir avec succès un parcours scolaire unique et universel, à caractère fondamentalement académique, est un fantasme profondément malsain. En fait, si un programme de formation devait conduire à un taux de réussite de 100%, cela ne signifierait qu’une chose : la somme des connaissances que celui-ci représenterait ne vaudrait pas très cher, puisque le moins intelligent des élèves serait parvenu à se les approprier!
Enfin, le concept de «difficultés d’apprentissage» est une autre illusion démente et extrêmement dispendieuse. L’idée que l’échec scolaire ne découle, en fait, que de certains blocages psychologiques, lesquels peuvent être aplanis par l’orthopédagogie, la psychopédagogie ou toute autre forme de sorcellerie éducative, ne correspond tout simplement pas à la réalité du monde matériel dans lequel nous visons. La vérité, c’est que certaines personnes n’ont pas la capacité d’acquérir certains types de savoir. Point à la ligne. S’entêter à vouloir les leur transmettre à tout prix tient du plus obscur des aveuglements. Qu’on se contente donc de leur apprendre ce qu’il peuvent assimiler pour devenir économiquement participatifs! Au fond, il n’y a pas d’individus affectés par des difficultés d’apprentissage; il n’y a que des gens inscrits dans le mauvais cours!