
Des groupes juifs déplorent l'utilisation du
salut nazi durant certaines manifestations étudiantes contre la hausse
des droits de scolarité et estiment qu'il doit cesser. Leur appel a
trouvé un écho du côté des représentants étudiants.
Pour
dénoncer la brutalité des interventions du Service de police de la
Ville de Montréal (SPVM), certains manifestants ont eu recours au salut
controversé lors de rassemblements. Ils ont d'ailleurs surnommé
« SSPVM » le service de police montréalais, en référence à
l'organisation paramilitaire nazie. Des pamphlets contre les policiers
arborant des croix gammées ont également été distribués.
Dans
un communiqué émis mardi, B'nai Brith Canada a estimé que, même si elle
a pour but d'insulter les policiers et non d'exprimer leur soutien au
nazisme, la reprise de symboles du régime hitlérien constitue une injure
à la mémoire de ceux qui sont morts durant l'Holocauste, des survivants
et de ceux qui se sont battus contre les nazis durant la Deuxième
Guerre mondiale.
« Nous
condamnons vivement cet inexcusable étalage de haine lors des
manifestations étudiantes au Québec qui a scandalisé la communauté juive
et montre à quel point le débat public dans les rues de Montréal est
tombé bas », a déclaré le chef de la direction du groupe, Frank Dimant,
dans le communiqué.
« Les gestes des manifestants, qu'ils visent à insulter
la police ou à attirer l'attention sur leur cause, constituent une
injure à la mémoire des victimes de l'Holocauste et rappellent avec
quelle rapidité l'antisémitisme et la haine peuvent se retrouver sur la
place publique. »
— Extrait du communiqué de B'nai Brith Canada
Le
Centre consultatif des relations juives et israéliennes reconnaît aussi
que ce geste ne traduit pas de l'antisémitisme ou du nazisme. Selon son
porte-parole, David Ouellette, cela relève plutôt « d'un manque de
connaissance de l'histoire et surtout de la rhétorique exagérée et
hyperbolique qui caractérise ce conflit depuis plusieurs mois ».
Le
Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal abonde dans le même
sens. « Le geste est choquant parce que nous sommes des historiens et
que nous savons qu'il ne s'agit pas du même contexte historique ou
politique », a expliqué sa porte-parole, Audrey Licop. « Mais le
problème est que son utilisation constitue un profond manque de respect
pour les victimes du nazisme et le génocide des juifs durant la Seconde
Guerre mondiale », dit-elle. Le salut hitlérien était utilisé par les
nazis dans les années 1930 et obligatoire pour tous les citoyens de
l'Allemagne nazie, rappelle-t-elle.
La
reprise de symboles nazis n'est pas uniquement dénoncée par les
associations juives. Sur son compte Twitter, la Coalition large de
l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a elle
aussi demandé que ces gestes ne soient pas repris.
« Même s'il s'agit de blagues, les références aux nazis lors des manifestations doivent cesser. »
— Message émis par la CLASSE sur Twitter
La
Fédération des étudiants universitaires du Québec (FEUQ) a aussi
manifesté son inconfort. La présidente de l'association, Martine
Desjardins, a communiqué directement avec le B'nai Brith. « Je leur ai
dit que pour nous, ça ne représentait pas les valeurs québécoises et
canadiennes et nous pensons, effectivement, qu'il s'agit d'une erreur de
jugement que d'avoir utilisé ce signe », dit-elle.